Montreuil, le 30 septembre 1999

Madame la Ministre,
 

Lors de la journée sans voitures du 22 septembre, vous avez rendu aux montreuillois une visite-éclair dont le contenu s’est limité à quelques poignées de main alors qu’elle aurait pu être l’occasion d’un entretien même bref avec notre association qui met en pratique aussi bien en matière de déplacements que de citoyenneté ce que vous prônez en paroles.

Vivre à Vélo en Ville est une association montreuilloise créée en 1993 pour promouvoir l’usage du vélo comme moyen de déplacement.
Depuis six ans, nous essayons d’en faire une association citoyenne, indépendante. Membres actifs du Conseil local de l’environnement, nous n’avons cessé d’y jouer un rôle constructif.
Notre participation active aux deux premières journées sans voitures est une bonne illustration de ce comportement.
Faut-il ajouter qu’il n’existe pas, en région parisienne, d’autre association de cyclistes urbains ayant une présence aussi régulière, diversifiée et, notre modestie dût-elle être égratignée, appréciée bien au-delà des seuls cyclistes ?

Dans ces conditions, votre passage à notre stand, certes habilement orienté par notre député-maire,  pour serrer la main « d’un homme aux vélos originaux » rappelait plus la tournée d’un notable en campagne électorale sur la foire de son chef-lieu de canton que la rencontre d’une responsable politique avec des militants qui quotidiennement, mettent en pratique la journée sans voitures.

Si vous aviez pris le temps du dialogue, nous aurions pu vous dire nos craintes de voir cette journée, décidée sans la moindre concertation, tourner à la belle journée médiatique à la mode de la fête des mères. Pour éviter cette dérive, il faut une véritable politique destinée à réduire progressivement l’envahissement de la ville par la voiture :

• Aménager la voirie en privilégiant les transports alternatifs : création de couloirs de bus en site propre, de bandes et pistes cyclables... Ces réalisations ne sont possibles qu’en réduisant la place de la voiture aussi bien pour son déplacement que pour son stationnement.

• Transformer les comportements : Du maire au ministre, les responsables ne seront crédibles que s’ils donnent l’exemple. Comment prôner les transports en commun ou le vélo et utiliser sans discernement sa voiture  ?

• Elargir la sensibilisation :  la RATP, la SNCF vantent les mérites de leurs services. Pourquoi n’y aurait-il pas de la publicité qui valoriserait l’usage du vélo et inciterait les automobilistes à être prudents à l’égard des cyclistes?

Voilà le point de vue dont nous vous aurions fait part si votre halte montreuilloise avait été plus conforme à la démocratie participative que vous revendiquez.
Attachés à nos convictions, nous ne nous alarmons pas plus qu’il ne faut de ce faux pas et nous sommes sûrs que nous aurons l’occasion d’engager bientôt avec vous un débat fructueux. Pourquoi ne serait-ce pas lors de l’inauguration de la première piste cyclable à Montreuil ? Ce sera dans quelques mois et ce sera aussi la première piste digne de ce nom (sur un axe à trafic important où la place de la voiture sera réduite) dans une banlieue de la première couronne... un hasard ?
Dans l’attente de vous faire part de notre expérience, recevez, Madame la Ministre, l’assurance de notre respectueuse considération.

Les adhérents de V.V.V. présents lors de votre passage,
Rémy Albaric, François Delhommeau, François Fatoux, Etienne Lécroart, Jean-Louis Marc, Jean-Jacques Sacquepey, Fabienne Vansteenkiste, Janine Vigué

(lire la réponse de Dominique Voynet)
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